Le Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) tire la sonnette d'alarme face aux conséquences multiples de la crise qui sévit dans le pays sur les enfants et les jeunes. Soulignant que les enfants d'Haïti ne peuvent pas attendre, la structure onusienne invite les États membres à conjuguer leurs efforts pour aider Haïti à sortir de ce marasme.
L'ECOSOC a tenu, le lundi 2 décembre 2024, une rencontre spéciale avec des ambassadeurs, des observateurs, des entités du système des Nations unies et des organisations de la société civile, dans le but de mettre en lumière la situation désastreuse à laquelle sont confrontés les enfants et les jeunes en Haïti et d'identifier les possibilités de partenariats et d'investissements pouvant contribuer à faciliter un avenir durable et résilient pour les jeunes Haïtiens.
La situation de violence extrême, l'instabilité, la pauvreté, la malnutrition, l'effondrement des services essentiels et l'inaccessibilité à l'éducation ont fait l'objet de cet échange. Les intervenants ont mis en exergue le contexte de crise aiguë qui touche de plein fouet les enfants et les jeunes, mettant en péril leur sécurité, leur bien-être et leur avenir.
Ils estiment qu'environ 50 % des effectifs des groupes armés sont des adolescents, utilisés à titre de guetteurs ou de membres actifs, chargés de produire des actes de cruauté. «Un enfant sur deux est victime de violences physiques, et plus de 3 100 enfants victimes de violences sexuelles ont été enregistrés l'année dernière, une augmentation de 400 % par rapport à l'année 2022», a signalé l'ECOSOC.
Le comité indique qu'un enfant sur deux souffre de malnutrition en Haïti. Qui pis est, les vagues de déplacements forcés ont davantage aggravé leurs conditions déjà précaires. Sur les 700 000 déplacés internes, la moitié, soit plus de 365 000 enfants, sont exposés à des risques supplémentaires de violence et d'exploitation dans les camps de fortune. Les filles vivant dans des sites d'hébergement sont confrontées à la menace constante de la violence fondée sur le genre.
L'accès à l'éducation est de plus en plus limité, s'alarme l'ECOSOC, précisant que cette année, environ 300 000 enfants n'ont pas eu accès à l'éducation en raison des établissements fermés, attaqués ou transformés en abris temporaires pour les personnes déplacées. « La protection des enfants ne doit pas être une option. Elle doit être une priorité absolue. Et des mesures immédiates et concrètes doivent être prises », a affirmé l’artiste haïtien et ambassadeur de bonne volonté de l'UNICEF, Jean Jean Roosevelt.
Ainsi, les intervenants de la session de l'ECOSOC ont souligné la nécessité d'une action internationale immédiate pour combler les déficits de financement, protéger les enfants de l'exploitation et reconstruire les services essentiels. Ils exhortent la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMSS) et les autorités haïtiennes à prioriser la protection des enfants pendant les opérations, en assurant une réintégration en toute sécurité des enfants recrutés par les groupes armés.
Sheelove Semexant