Le devoir de réussir

Réussir ne doit pas rester un vœu pieux, un rêve lointain ou un simple fantasme patriotique déconnecté des dures réalités qui nous accablent.

Haïti est à bout de souffle. Ce pays, qui a tant donné au monde, n’a pas besoin de mépris ou de condescendance, mais d’une profonde tendresse. Il a besoin d’un sursaut de solidarité globale et, plus encore, d’une prise de conscience nationale. Les élites, alourdies par l’échec et la désillusion, doivent – enfin ! - assumer leur responsabilité face à un avenir qu’elles ne peuvent plus continuer à fuir. Les Haïtiens de bonne volonté appellent urgemment à se relever, à rêver encore et, surtout, à agir avec courage et humilité.

Les Haïtiens, qu’ils soient au pays ou dans la diaspora, en ont assez de porter le fardeau d’une réputation sulfureuse, celle d’une terre de désespérance. Fatigués de subir l’arrogance des puissants, qui se permettent de les caricaturer de façon méprisante, par exemple comme des "mangeurs d’animaux domestiques". Lassés d’être le repoussoir d’un monde développé de plus en plus brutal dans ses jugements et ses actions. Nous aspirons à une reconnaissance de notre dignité et de nos aspirations légitimes.

Comme le souligne justement la consœur Huguette Grenz, la Police nationale fait ce qu’elle peut avec les moyens dont elle dispose. Mais cela reste insuffisant. Le Conseil présidentiel de transition (CPT) et le gouvernement doivent impérativement se mettre en mouvement dans une direction claire : celle d’un pays plus sûr, plus stable, où le sentiment d’abandon ne domine plus. Car le ras-le-bol est réel et profond. Il est temps d’écouter, de réagir et d’agir. Franchement, le temps nous est compté.

Agissons car nous n’avons pas le luxe de l’abandon : l’échec collectif équivaut à un péril certain! L’histoire de l’humanité regorge de récits de sociétés disparues, des civilisations écrasées par leur incapacité à surmonter les défis existentiels. Quand une nation cumule crises écologiques, drames économiques, instabilité politique, fractures sociales, incapacité à s’adapter aux changements, et une perte de légitimité culturelle et spirituelle, elle s’engage sur une pente glissante vers l’oubli. Rome, les Mayas, l’Île de Pâques, l’Union soviétique constituent autant d’avertissements du passé que nous ne pouvons ignorer. Ce destin funeste, nous devons tout faire pour l’éviter.

Nos élites de tous bords doivent arrêter de jouer avec notre avenir. Elles doivent savoir qu’elles portent la responsabilité sacrée de redresser le destin de cette nation, non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour honorer la mémoire de nos ancêtres. Ces hommes et ces femmes ont sacrifié leur vie pour que nous puissions avoir une patrie qui nous appartienne. Nous ne pouvons trahir cet héritage. Il nous revient de bâtir un avenir à la hauteur de leur courage et de leur vision.

 

Roody Edmé

 

 

 

 

 

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