D’ici le 20 décembre 2023, cette date ramènera le vingtième anniversaire de l’adoption par l'Assemblée générale de l’ONU, de la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes (A/RES/48/104), le 20 décembre 1993. Pratiquement six ans plus tard, en 1999, à travers la résolution A/RES/54/134, l'Assemblée générale allait proclamer le 25 novembre comme la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.
Dans cette décision diplomatique et politique, l’invitation avait été lancée aux gouvernements, aux représentants des organisations internationales et aux organisations non gouvernementales à s’inscrire dans une dynamique d’organisation des différentes activités qui visaient à contribuer aux campagnes de sensibilisation de l'opinion publique au problème de la violence à l’égard des femmes.
Des décennies plus tôt, malgré l'adoption de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1979, la violence à l'égard des femmes et des filles reste et demeure un problème omniprésent dans le monde jusqu'à nos jours. Et ce n’est pas Haïti qui fera l’exception à la règle, «Bien que les victimes d’homicides soient majoritairement des hommes, les femmes et les filles subissent davantage d’homicides perpétrés par leur propre partenaire intime ou par leur famille», suivant les grandes lignes de l’argumentaire de l’ONU autour de cette problématique.
Dans le dernier paragraphe de cette communication, il est fait mention que : «La violence à l'égard des femmes et des filles est l'une des violations des droits de l'homme les plus répandues, les plus persistantes et les plus dévastatrices au monde». En 2017, l'Union européenne (UE) et l'ONU ont lancé l'Initiative Spotlight, qui vise à éliminer toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles en sensibilisant l'opinion publique à cette question, conformément au Programme de développement durable à l'horizon 2030.
Depuis environ six ans (2017-2023), la situation des droits humains n’a cessé de dégrader en Haïti, et en particulier le sort des femmes et des filles qui ne font qu'allonger la liste des victimes. Durant les six prochaines années (2024-2030) en lien avec les ODD, on ne pourra pas espérer de grands changements dans cette situation, sans un retour à la vie normale qui doit passer obligatoirement par le renversement de la violence imposée par le terrorisme en cours, pour le retour de l'État de droit, régulé par la violence légale.
Derrière le sort oublié des femmes victimes des missions onusiennes en Haïti, les discours et les décisions consentis par certaines autorités du système des Nations-Unies, pour appuyer les autorités en place, et pour assister dans certains cas les couches les plus vulnérables de la population haïtienne dans ce chaos sécuritaire importé, il reste beaucoup à faire, pour tenter de prouver la bonne foi de la communauté internationale envers l’un des pays les plus vulnérables de la caraïbe et dans le monde.
Dans l'inaction qui accompagne ces grandes journées internationales qui participent parfois dans un simple rappel, Haïti risquera de continuer à assister à des cérémonies de commémoration et à des manifestations sur fond de célébration qui ne répondent pas aux attentes des familles et aux priorités des femmes, des mères, des filles, des soeurs qui crient, qui supplient, qui survivent et fuient leurs quartiers, et qui finissent en martyr, dans l'oubli, sans connaitre leur devoir, sans pouvoir jouir de leurs droits, et sans être protégées par la loi.
Dans une perspective de contribuer de façon intelligente et durable dans une véritable lutte visant à réduire le nombre de ces femmes et ces filles d'Haïti, victimes des violences de toutes sortes, il faudra obligatoirement commencer par investir dans le relèvement des institutions de l’État haïtien, de plus en plus à genoux, en vue de créer les conditions nécessaires capables d'offrir les services de base aux populations évoluant sur tout le territoire national.
Dans les faits, le bien-être des femmes et des filles sera effectif uniquement par la réduction des différentes formes de violences causées par l'absence de sécurité, des soins de santé, de l’alimentation, des conditions économiques pour produire de la richesse, et pour trouver de l’emploi, par l'accès à l'éducation, aux loisirs, à la protection des vies et des biens, et du bien-être collectif.
Dominique Domerçant