Cent mille dollars américains pour la sélection féminine de football des moins de 20 ans

La sélection féminine haïtienne U-20 de football.
Dans des circonstances extrêmement difficiles, la sélection féminine de football U-20 s’est qualifiée pour la Coupe du Monde qui aura lieu en France du 5 au 24 août 2018. C’est un immense effort qui mérite le soutien appuyé de tous les Haïtiens. Dans cet esprit, deux professionnels haïtiens évoluant à New York ont lancé une initiative visant à s’assurer que ces jeunes dames représentent le pays dans la dignité. Il s’agit du Dr Marcel Benoit et de Kerta Georges, elle aussi une professionnelle de la santé, tous deux résidant à New York. Ils se sont confiés au journal.Le National : Comment vous est venue à l’idée cette initiative? Kerta Georges : L’initiative avait toute sa place puisque la diaspora s’organise et s’organisera toujours pour les bonnes causes comme celle de la qualification des U-20. Ces filles nous ont soulagés, elles ont tari nos pleurs lors de notre qualification pour la coupe du monde France 2018, au moment où la nation haïtienne avait été étiquetée...Et nous pensons qu’elles méritent d’être soutenues.L.N. : Que voulez-vous réaliser exactement et pourquoi? K. G. : Nous de la diaspora voulons donner un autre visage à Haïti par le vivre ensemble, le partage et plus précisément appliquer notre slogan « An n met tèt ansanm ». Et pour cela il a fallu l’initiative du Docteur Marcel Benoit avec la collaboration de madame Kerta Georges et de la diaspora pour collecter $100.000.00 dollars au profit des U-20. Cet élan de solidarité n’est ni « marchandable » ni négociable et s’impose à toute la diaspora haïtienne où qu’elle se trouve.L.N. : Comment le public at-il réagi à l’initiative? K. G. : La réaction a été positive dans l’ensemble au début de l’initiative, et comme toute oeuvre humaine, certains ont été réfractaires, mais l’amour peut tout bousculer et même faire franchir les barrières qui paraissent les plus infranchissables. Nous pensons que nous arriverons à point parce que nous travaillons tous les jours afin d’y parvenir.L.N. : Êtes-vous en contact avec les joueuses ? K.G. : Non! Nous n’en avons pas besoin puisque nous savons qu’il y a une fédération qui s’en occupe grâce à l’encadrement du Gouvernement haïtien. Notre mission dans la diaspora, c’est d’agir dans la discrétion et d’apporter notre modeste contribution.Vertige
Avec ton éveil à la joie,
Avec ta course irréfléchie,
Avec ta robe dans le vent,
Avec ton sourire émergeant
Comme une menace à mon inquiétude,
J’éternise mon feu comme une ferveur.
Avec mes sursauts énervants,
Avec mon rire de proscrit
Qui grince, heurtant ton extase-hébétude,
Et mes os exhumés de l’ossuaire,
Au scandale des châtelaines
Qui m’offrirent leur nudité
Ébroué de nul frisson,
Impassible à des yeux tourmentés d’aurore.
[sismale,
Je compose un songe d’enfer
Pour frôler ton corps,
Électriser ta gorge consentante.
Certain jour de faste attendra l’abordage du
[Paquebot
Amenant l’exilé sorti de prison.
Je te prendrai par les cheveux
Ah ! Fiévreusement,
Pour te montrer,
Pendu,
Giflé,
Sifflé,
Affolé,
Égaré,
Et seul
Cyniquement seul,
Livré à la faim,
Dans la baie des puanteurs,
Devant les maisons de corruption
Où l’on fabrique
Des faiseurs de complots,
Des postulants au forçat,
Des enfants du salut dans la faim,
Par la faim,
En haillons,
En ulcères,
Et des hommes pour voyager en première,
Des hommes pour aller pieds nus,
Des hommes pour le home,
Des hommes pour la hutte ;
Et puis des femmes,
Des femmes pour les boudoirs,
Des femmes pour les fumoirs,
Des femmes pour les bordels,
Des femmes pour causer des tueries, la
[Banqueroute,
Des femmes pour l’anxiété des bijoutiers,
Des femmes pour la pitié ...
Je te dirai tout l’aboi des mornes,
La plainte des ruisseaux endormis,
Inoculé par les premières aiguilles d’hélium.
Je te conterai l’avortement
De chaque fruit
Sur la terre impassible, et
Dosant, supposant chaque corps pour l’engrais de ses mamelles tentaculaires.
Je te ferai contempler
Une fenêtre ouverte sur la grève ...
La terre tournera autour
De nos bras polaires
Et nous aurons le vertige des gravitations
le privilège de fixer
le changement des saisons,
L’influence de tes yeux sur les raz-de-marée,
Le sommeil des pêcheurs,
le cauchemar de germination des alluvions,
Tu chanteras devant l’extase
Car tu ne construiras pas
Sur l’inquiétude et la soif.
Les chevaliers insoumis,
Les coursiers de déserts communicables
inclineront jusqu’à tes pieds en porcelaine
Leurs flèches.
Leurs boucliers.
(Juin 1944)
Ovations nourries (Paul et René sont très émus)
F-A.L. : Paul, René vient de nous expliquer qu’il a choisi la poésie et l’enseignement, une voie d’expression et une carrière. Et vous, comment êtes-vous arrivé à la poésie ? P.L. : Dans mon cas, cela n’a pas été mon choix. La poésie m’a choisi. (Rires). Alors très tôt, sans savoir pourquoi, j’ai commencé à écrire. Je dois dire que j’ai appris mes premiers vers des lèvres de mon cousin germain Fernand Martineau, le poète. Il se voulait le poète exclusif de l’amour. Pour lui comme pour moi, la poésie est une question de vie ou de mort, comme l’amour et comme la liberté.Pour reprendre un peu ce que René vient de dire. René pour moi est un ami de vieille date et à l’époque où nous n’étions pas encore mariés, il vivait chez mon père. Longtemps après, quand nous étions tous en exil, j’ai eu des problèmes avec mon fils aîné et je l’ai envoyé vivre chez René. C’est une vieille amitié qui a commencé peut-être à cause de la poésie, qui s’est entretenue de plus en plus, bien que notre conception de la poésie ne soit pas nécessairement la même. Il y a eu un point de rencontre sur le surréalisme, contenu dans mon livre qui doit paraître à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine. Il s’appellera OEuvres incomplètes. Ce recueil divisé en trois parties comprendra seulement ma poésie d’expression française, pas d’expression créole, pas non plus mes articles sur la politique. La tentation surréaliste, c’est pour moi ce qui a existé, non pas un mouvement surréaliste que nous aurions vécu, mais la tentation surréaliste d’abord par nos lectures et puis la présence cristallisante de Breton. Comme je l’ai dit dans un article « André Breton en Haïti, un témoignage », nous avons réalisé avec Breton les champs magnétiques dans la vie. (Rires).F-A.L. : Si je vous disais à vous deux que je n’étais qu’un simple amateur, un dilettante de roman et que je n’entendais rien à la poésie, que me diriez vous ? P.L. : Eh bien, je vous comprendrais, bien que je n’aie jamais été tenté par le roman de manière personnelle. Il faut avoir le don d’observation pour le roman et ça, je ne l’ai pas. La réalité me pénètre et reparaît sous une forme poétique des années après. C’est un processus parti du fond du subconscient, du fond de mon être.F-A.L. : René Bélance ? R.B. : Je pense que c’est une question de personnalité. Il y a des tempéraments qui sont attirés par tel mode d’expression et d’autres par tel autre. Je dois dire que pour ma part, j’aurais pu aller à différentes activités, dans différents secteurs de l’art. J’aurais pu aller vers le dessin, la peinture et la musique ...F-A.L. : Je comprends. Paul aurait pu faire autant car la poésie englobe tout et touche à toutes les sphères de la vie. Merci de m’avoir accordé cet entretien. Paul Laraque et René Bélance : C’est à nous de remercier.Articles connexes