La nouvelle carte d’identité est un outil politique, selon le CARDH

La Carte d’identification nationale unique (CINU) continue d’alimenter des débats au sein de la société. Suivant le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARD), cette carte est un outil politique et non d’identité.
Alors que le gouvernement continue d’empresser les citoyens à s’approprier de la Carte d’identification nationale unique (CINU), le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) voit en cet objet un outil politique au lieu d’une pièce d’identité. « La nouvelle Carte d’identité nationale unique (CINU) paraît être un outil électoraliste au lieu d’être un outil d’identité », a expliqué le CARDH dans son rapport annuel sur la situation des droits humains en Haïti.
Le centre a souligné qu’en pleine COVID-19, le président a publié un décret, le 16 juin 2020, accordant un délai de 120 jours aux citoyens pour se procurer de la nouvelle carte sous peine d’être sanctionné. Ce qui a occasionné de longues files d’attente où les gens sont entassés sans masques pour appliquer pour l’obtention de la carte. « Des centres de production et de distribution de cartes sont sous le contrôle des gangs et des anciens parlementaires », a indiqué le centre.
Pourtant, jusqu’au 19 décembre 2020, le CARDH a révélé que seulement 3.5 millions de cartes étaient disponibles, dont 2.3 millions livrés, tandis que le besoin pour des citoyens en âge de voter est de 7 millions. Pour arriver à ce nombre, il faudra donc en moyenne, selon le CARDH, deux ans (2022) pour que la population en âge de voter puisse obtenir la carte.
Le passage précipité de CIN à CINU
Jusqu’à date, de nombreux citoyens ont une Carte d’identification nationale (CIN) valide. Toutefois, le gouvernement oblige tous les citoyens à s’approprier de la CINU. Ce qui favorise la circulation de deux pièces identités sur le territoire national.
Selon des organisations de la société civile, il y aurait une opération de corruption de l’administration Moïse, éclaboussant la Première dame, dans cette affaire. Cette opération s’est faite en violation de la Constitution, de la Loi sur la préparation et l’exécution des lois de finances et des procédures des passations de marché public, ce qui constitue un acte de corruption au sens de la loi du 12 mars 2014 portant prévention et répression de la corruption.
Le CARDH a rappelé que le projet de contrat de gré à gré devant lier l’État haïtien avec la compagnie allemande DERMALOG pour la production de la Carte d’identification nationale unique (CINU), en remplacement de la Carte d’identification nationale (CIN) instituée par le décret du 1er juin 2005, a reçu deux avis défavorables de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA) les 16 février et 11 avril 2018.
Cependant, malgré les deux avis défavorables de la Cour des comptes, cela n’a pas empêché que l’administration de Jovenel Moise accélère sur la fabrication de ces cartes. Et, le gouvernement compte sur cette pièce d’identité pour organiser les élections dans le pays. Le référendum, prévu pour le mois d’avril, sera réalisé aussi à partir de la CINU.
Woovins St Phard
Articles connexes